Quand l’objet archéologique est sujet historique: colloque international

Créé il y a près de deux ans avec le soutien de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée de Lyon, le laboratoire junior ArchéOrigines se consacre à l’étude de l’histoire de l’archéologie. Depuis sa fondation, plusieurs événements marquants ont jalonné ses activités : une table ronde en 2023 sur « Les mots de l’archéologie », suivie d’une journée d’étude dédiée à la naissance des musées archéologiques. La richesse des « Histoires d’archéologies » a été présentée à Dijon, et plus récemment, un séminaire à Lyon a exploré les liens entre archéologie et nationalisme. En avril dernier, une journée d’étude a mis en perspective l’apport des études de genre à cette discipline.

Le colloque actuel, qui clôture le programme du laboratoire, s’intéresse à la place de l’objet archéologique dans l’histoire de l’archéologie. Cette réflexion s’appuie sur l’idée que les objets archéologiques sont continuellement réinterprétés à travers les significations que nous leur attribuons. L’historien Krzysztof Pomian les décrit comme des « sémiophores », des artefacts qui, lorsqu’ils sont exposés dans un musée, deviennent des « expôts ».

Les relations entre muséologie et objets archéologiques méritent une attention particulière. En effet, au cours de leur existence, ces objets changent de fonction et de statut : leur rôle originel s’efface au profit de nouvelles interprétations. Pour les archéologues, ces artefacts prennent naissance au moment même de leur découverte, que celle-ci soit le fruit de fouilles encadrées, d’achats à des marchands ou d’excavations moins formelles. Une fois sortis de terre, ils entrent dans un cycle complexe de découverte, d’étude, de valorisation et d’exposition, sans que ces étapes ne soient forcément réunies en une seule et même démarche.

Une approche historique par l’étude des objets est également essentielle. Observés à la fois pour leur matérialité et leur contexte, ces artefacts offrent un éclairage sur les sociétés passées, mais aussi sur notre manière contemporaine de les appréhender. Souvent associés a posteriori à d’autres mobiliers archéologiques, les objets organisés de manière réfléchie peuvent véhiculer une multitude de discours.

Le colloque vise ainsi à interroger l’impact des découvertes archéologiques et l’étude des objets dits remarquables dans la construction des savoirs en archéologie préhistorique et protohistorique, deux champs qui peinent encore à obtenir une légitimation institutionnelle claire.

 

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PROGRAMME COLLOQUE INTERNATIONAL

Quand l’objet archéologique est sujet historique. Perception, fonction et réception des artefacts

14-15 novembre 2024

 

JOUR 1 

14 novembre 2024, 9h-18h

École Normale Supérieure de Lyon, 15 parvis René Descartes, 69342 Lyon, Salle Buisson

 

9h Accueil des participants

Mot d’ouverture du laboratoire junior ArchéOrigines

9h30 Linca Kucsinschi (Université Jean Moulin Lyon 3) – Introduction

• 1^ère session/1st Session : L’objet et son histoire

9h45-10h15 Isabelle Tassignon (Fondation Gandur pour l’Art, Genève), Une statuette de Wahballat condamnée au silence ?

10h15-10h45 Adrien Frénéat (Université de Bourgogne, Dijon), Quand les objets font date : Le dépôt de Larnaud et l’invention du “Larnaudien”

11h-11h30 Anna Mikhalchuk (École Nationale des Chartes, Paris), L’objet archéologique dans les histoires provinciales rédigées par les Mauristes au XVIII^e siècle

11h30-12h Marine Crouzet (Laboratoire A-Corros, Arles), La conservation-restauration, une maïeutique de l’objet archéologique

12h-12h20 Discussions

Déjeuner : Buffet/Lunch

• 2^e session/2nd Session : De l’objet à l’idée

14h-14h30 Aymeric Gaubert (Université de Tours) Du graffiti à la graffitologie : naissance, légitimation et patrimonialisation de l’objet graffitologique (XVII^e-XXI^e siècles)

14h30-15h Alix Bancarel (Sorbonne Université, Paris), L’apport de l’archéologie à l’industrie verrière du XIX^e siècle

15h-15h30 Verena Weller (Université de Mannheim), Avant le plastique – Les emballages de la période prémoderne

15h30-15h50 Discussions

15h50 Laure Bézard (Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon), Le MOMent archives

 

JOUR 2

15 novembre 2024, 9h-18h

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, Palais Saint-Jean, 4 avenue Adolphe Max, 69005 Lyon

 

9h Accueil des participants

• 3^e session/3rd Session : Musées et collections

9h15 Hugo Tardy (Université Lumière Lyon 2) – Introduction de la journée

9h30-10h Mathilde Romary (Université de Lorraine, Nancy) D’objets archéologiques à objets de collection et de transmission. La création des antiquaria des universités françaises

10h-10h30 Flora Muntrez (DRAC Centre-Val de Loire), Cédric Meurice (Musée du Louvre, Paris) L’archéologie chrétienne en Égypte et le mobilier archéologique copte : entre indifférence, fascination et dispersion

10h45-11h Anne-Lise Guigues (musée du Louvre/Paris I Panthéon-Sorbonne), Cartographier la circulation des antiquités mésopotamiennes, des fouilles clandestines au marché de l’art

11h-11h30 Dominik Lengyel, Catherine Toulouse (Brandenburgische Technische Universität, Cottbus), Recontextualisation as a key to the exhibition of ancient sculpture

11h30-11h50 Discussions

Visite des collections de l’Académie

12h20 Déjeuner

• 4^e session/4th Session : Objets et identités

14h-14h30 Elena Vaiani, Cristina Ruggero (Zentralinstitut für Kunstgeschichte, Munich) Coins as historical documentation for building national identity. Paul Petau’s collection and its catalogue (1610)

14h30-15h Amel Benguedda (École nationale supérieure d’architecture, Toulouse) Les monuments ruinés comme artefacts : une expérience positive de coordination entre archéologie et restauration ? Cas de l’Algérie entre 1923 et 1962

Pause

15h15-15h45 Patrícia Brum, Filipa Neto (Institut polytechnique, Tomar et Musée national d’archéologie, Lisbonne), People and things. The archaeological object in a present perspective as national treasure

15h45-16h15 Renata Fontanillas, (Université de Lisbonne) Archaeological vestiges as an art collection : the case of Portuguese Islamic art

16h15-16h45 Patrick Romuald Jie Jie (Université de Bertoua) Tiraillements et compromis entre le Cameroun et Allemagne sur la question de la restitution d’objets culturels issus de leur histoire coloniale

16h45-17h00 Discussions

17h Sabine Fourrier (Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon) – Conclusion

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